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2025/06/14

Aux origines du Tarot : entre mythe initiatique et réalité historique

Longtemps enveloppé de légendes orientales, le Tarot fascine par la richesse de ses symboles. Pourtant, loin de l’Égypte ou des temples antiques, son origine véritable est médiévale. Né dans l’Europe chrétienne du XIVe siècle, il puise dans l’imaginaire spirituel, de son temps, pour devenir un miroir de l’âme et un vecteur d’enseignements universels. Entre fiction initiatique et faits historiques, redécouvrons les racines réelles d’un jeu devenu langage sacré

Tarot Occidental
Représentation image : Tarot Occidental
Arrangement image : Dany Ollivier
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Une légende singulière, transmise à l’écrivain néerlandais Gérard van Rijnberk (1875-1953), par Monsieur Tomberg, alors vice-consul d’Estonie à Amsterdam, fait remonter l’origine du Tarot à une époque voilée de mystère. Selon le dignitaire de la république parlementaire, la fable, lui serait parvenue de Russie, où elle faisait partie des enseignements préliminaires d’une société occulte influente, active avant la révolution bolchévique ; ce groupement affirmait qu’elle était connue des Chevaliers de Malte dans la Pologne de jadis. L’odyssée, ici rapporté fidèlement, prend la forme d’un mythe initiatique :

« Dans une époque très reculée, les sages hiérophantes, dépositaires de la tradition occulte de l’Égypte, s’étaient réunis pour discuter d’un grave problème. Par leurs facultés prophétiques, ils avaient acquis la certitude que, dans un temps prochain, la civilisation égyptienne serait détruite et, avec elle, les temples des dieux, les Sanctuaires du Culte public et secret ainsi que les Ecoles initiatiques où s’enseignait la Vérité métaphysique. Il s’agissait donc de rechercher le moyen de préserver de la destruction complète les points les plus importants de la doctrine occulte. Plusieurs procédés furent proposés par les membres du conseil des hiérophantes. « Peignons les textes des axiomes sur les murs les plus solides du temple le plus vénérable », disait l’un, mais on lui objectait que : « La rage des envahisseurs et la force destructive du temps n’épargneraient pas l’édifice. » « Gravons-les sur des plaques du métal le plus résistant », proposait un autre, mais lui répondait-on : « Si c’est un métal non précieux, il ne résistera pas à la rouille, et, s’il est précieux, il sera inévitablement sujet à la convoitise ». Un troisième hasarda : « Confions nos arcanes à un homme simple mais vertueux, qui en conservera le secret et le transmettra avant sa mort à une autre âme également simple et vertueuse, et ainsi de suite jusqu’au moment où la vérité pourra être de nouveau professée et comprise » ; mais on lui opposait que : « La vraie simplicité de l’âme est chose rare et que la vertu est très sujette à la tentation. » Alors, le plus jeune des adeptes parla ainsi : « Servons-nous des vices, des péchés, des mauvaises passions de l’Homme pour préserver le dépôt de nos doctrines secrètes : exprimons celles-ci symboliquement par des figures apparemment innocentes, qui, multipliées à l’infini, puissent servir à assouvir une des passions les plus vives de l’Homme : la passion pour le jeu. Confions aux énergies du Mal la préservation des germes de la Vérité qui contiennent la condition du Salut et du Bonheur du Monde. » Cette proposition fut acceptée…

Tel est le récit transmis. Il possède, il faut le reconnaître, une puissance évocatrice et une portée pédagogique remarquables. Toutefois, l’Histoire, rigoureuse et sourcée, vient tempérer cette brillante envolée.

Cet apologue ne mentionne pas le Tarot dont les origines, loin de remonter à l’Égypte antique, sont bien plus récentes.

C’est en Chine, au VIe siècle, que l’invention du papier permit la création des premières cartes à jouer. L’un des jeux les plus anciens, le « Mille fois mille », se composait de trente-deux morceaux censés représenter l’intégrité de la création. Le nombre de signes, sur chaque pièce, comportait la totalité des étoiles. La première division, de ce divertissement, était d'influence cosmique, la seconde d'inspiration humaine.

De là, ces divertissements migrèrent vers l’Occident, via les routes commerciales et culturelles, pour apparaître en Europe vers la fin du XIVe siècle. Toutefois, ce n’est pas le Tarot lui-même, mais le concept des jeux de cartes qui a traversé les frontières. Le Tarot reste, profondément, ancré dans la culture occidentale médiévale et les symboles chrétiens qu’il véhicule, portant, en lui, un enseignement sacré, une dimension omnisciente et un dénominateur universel entre les civilisations et les traditions. Ainsi, le Tarot plonge ses racines dans la conscience humaine.

Cependant, si son origine n’est pas égyptienne, il n’en demeure pas moins porteur d’un enseignement profond. À travers ses arcanes, le Tarot semble puiser dans l’inconscient collectif les formes éternelles que Carl Gustav Jung nommera, plus tard, les archétypes. Il établit un langage universel, transcendant les frontières et les époques, entre traditions spirituelles, interrogations transcendantes et quête de soi.

Ainsi, mythe et Histoire se rejoignent à leur manière : l’un évoque la Vérité à travers le symbole et la parabole ; l’autre éclaire les faits par la rigueur du savoir. Entre les deux, le Tarot continue d’exister, à la fois jeu, miroir de l’âme et réservoir d’une sagesse silencieuse.

Dany Ollivier - Autrice

Cet article est extrait d'une conférence exposée depuis 1995 © 1995 (Conférence), © 2004 (Site du Centre des Savoirs à la Connaissance) 

Sources :
- ANDREAE Jean-Valentin - Les noces chymiques de Christian Rosencreutz, Paris : Editions Traditionnelles, 1994 (1 volume).
- ARISTOPHANE - Les nuées, Paris : Collection des Universités de France, 1934 (1 volume).
- RIJNBERK Gérard van - Le Tarot, Paris : Guy Trédaniel, 1981 (1 volume).


Téléphone : 09 54 04 33 53 - Courriel : danyolliviercsc@free.fr

La tarologie permet, à travers l’étude du Tarot Occidental, d’interpréter des constellations de symboles en corrélation et en convergence de sens. C’est une école de sagesse qui va bien au-delà d’une divination (taromancie).

2024/10/06

Le Tarot Occidental à travers le temps

 Le Tarot Occidental est enraciné dans la tradition médiévale et chrétienne

Représentation image : Tarot Occidental
Arrangement image : Dany Ollivier
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Le Tarot Occidental, dit « de Marseille », s'inscrit dans un ensemble symbolique, d’une grande richesse, enraciné dans la tradition médiévale et chrétienne. Afin de mieux l'appréhender, nous allons le replacer dans l'Histoire.

Vers le VIe siècle, en Chine, l'invention du papier a favorisé, dans ce pays, la création et la diffusion des premières cartes à jouer. Parmi ces jeux, « Mille fois mille » se distinguait, composé de 32 morceaux de papier censés représenter l'intégrité de la création. Le nombre de signes, sur chaque pièce, comportait la totalité des étoiles. La première division, de ce divertissement, était d'influence cosmique, la seconde d'inspiration humaine.

En Corée, la Bélomancie, une forme de divination par les flèches, faisait usage de projectiles marqués d'inscriptions telles que « oui », « non », « bien », « mal », « attendre », « agir immédiatement », et cetera. Les projectiles atteignant leur cible dictaient les indications à suivre. Cette méthode, peu pragmatique, céda la place au Hton-Tjyen. Ce passe-temps était composé de cartes qui, au recto, reprenait les mêmes indications qu’en Bélomancie et ornées, au verso, de l'empenne d'une flèche.

En Inde, le Dasavatara, signifiant « dix incarnations » (du dieu Vishnu ou Vichnou), comportait 10 séries de 12 cartes, comprenant 10 numérales, un roi et un vizir. A chacune d’elles était associée un symbole particulier, comme les poissons pour la représentation « Matsya ». Cet amusement fut introduit, en Occident, par un voyageur persan.

La religion islamique interdit, aux fidèles, l'exhibition de figures humaines dans leur culte. Ceci n'a, en conséquence, pu favoriser la fabrication d'un jeu imagé. Dès le VIIIe siècle, les musulmans, après avoir dominé le Moyen-Orient, se sont retrouvés en contact avec les communautés juives. Par ailleurs, ils furent très nombreux, au XIVème siècle, à s'enrôler dans les multiples batailles italiennes de l'époque. Aussi, la possibilité qu'ils aient contribué à propager les cartes, en Europe, semble possible.

Certains auteurs ont cru voir l'origine, non plus des cartes mais du Tarot, dans les tribus nomades qui se sont installées en Europe à partir du XVème siècle. Issues, vraisemblablement, du nord de l'Inde, ces ethnies ont conservé les différents langages symboliques des cultures traversées. Cependant, elles n'en sont, en aucun cas, les initiatrices !

En Europe, l'emploi tardif du papier a eu une influence sur la diffusion des cartes. Ainsi, dans le dénombrement des mancies établie par le médecin suisse Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse, au XVème siècle, la cartomancie n'est pas mentionnée. Or, de nos jours, elle apparaît en tête de liste ! De surcroît, les illustrations du tarot laissent supposer que ce dernier n'est guère antérieur à la génération du docte.

Plusieurs prosateurs, à la suite d'un savant français, du XVIIIème siècle, nommé Antoine Court de Gebelin, ont certifié de la provenance égyptienne de notre « Bardo Thodol ». Si la fascination du moment, pour l’Égypte ancienne, explique cet enthousiasme, il ne saurait justifier qu’on lui attribue la genèse de tous les enseignements spirituels !

D'autre part, aucun dessin figuratif, de ce type, n'a été découvert en Amérique et en Océanie.

Le tarot le plus répandu demeure celui édité, en 1748, par les Établissements Grimaud et imprimé, pour la première fois, à Marseille, d’où son appellation courante : « Tarot de Marseille ». La coutume a, malencontreusement, maintenu cette dénomination faisant oublier ses véritables origines.

En conclusion, l'invention chinoise du papier et, subséquemment, celle des jeux de cartes, dans les divers pays asiatiques, ont été importées, en Europe, aux environs du XIVème siècle. Toutefois, ce n’est pas le Tarot lui-même, mais le concept des jeux de cartes qui a traversé les frontières. Le Tarot reste, profondément, ancré dans la culture occidentale médiévale et les symboles chrétiens qu’il véhicule, portant, en lui, un enseignement sacré, une dimension omnisciente et un dénominateur universel entre les civilisations et les traditions. Ainsi, le germe du Tarot plonge ses racines dans la conscience humaine et dans la permanence des archétypes universels.

Dany Ollivier – Autrice

Cet article est extrait d'une conférence exposée depuis 1995 © 1995 (Conférence), © 2004 (Site du Centre des Savoirs à la Connaissance)

Sources :
- ALLEMAGNE Henry-René d’ - Les Cartes à jouer du quatorzième au vingtième siècle, Paris : Hachette, 1906 (2 volumes).
- ALLIETTE Jean-Baptiste - Aperçu d’un rigoriste sur la cartomancie et sur son auteur, Paris : Caillet, 1787 (24 pages).
- RIJNBERK Gerard van - Le Tarot, Paris : Guy Trédaniel, 1981 (1 volume).


Téléphone : 09 54 04 33 53 - Courriel : danyolliviercsc@free.fr

La tarologie permet, à travers l’étude du Tarot Occidental, d’interpréter des constellations de symboles en corrélation et en convergence de sens. C’est une école de sagesse qui va bien au-delà d’une divination (taromancie).