2024/10/06

Le Tarot Occidental à travers le temps

 Le Tarot Occidental est enraciné dans la tradition médiévale et chrétienne

Représentation image : Tarot Occidental
Arrangement image : Dany Ollivier
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Le Tarot Occidental, dit « de Marseille », s'inscrit dans un ensemble symbolique, d’une grande richesse, enraciné dans la tradition médiévale et chrétienne. Afin de mieux l'appréhender, nous allons le replacer dans l'Histoire.

Vers le VIe siècle, en Chine, l'invention du papier a favorisé, dans ce pays, la création et la diffusion des premières cartes à jouer. Parmi ces jeux, « Mille fois mille » se distinguait, composé de 32 morceaux de papier censés représenter l'intégrité de la création. Le nombre de signes, sur chaque pièce, comportait la totalité des étoiles. La première division, de ce divertissement, était d'influence cosmique, la seconde d'inspiration humaine.

En Corée, la Bélomancie, une forme de divination par les flèches, faisait usage de projectiles marqués d'inscriptions telles que « oui », « non », « bien », « mal », « attendre », « agir immédiatement », et cetera. Les projectiles atteignant leur cible dictaient les indications à suivre. Cette méthode, peu pragmatique, céda la place au Hton-Tjyen. Ce passe-temps était composé de cartes qui, au recto, reprenait les mêmes indications qu’en Bélomancie et ornées, au verso, de l'empenne d'une flèche.

En Inde, le Dasavatara, signifiant « dix incarnations » (du dieu Vishnu ou Vichnou), comportait 10 séries de 12 cartes, comprenant 10 numérales, un roi et un vizir. A chacune d’elles était associée un symbole particulier, comme les poissons pour la représentation « Matsya ». Cet amusement fut introduit, en Occident, par un voyageur persan.

La religion islamique interdit, aux fidèles, l'exhibition de figures humaines dans leur culte. Ceci n'a, en conséquence, pu favoriser la fabrication d'un jeu imagé. Dès le VIIIe siècle, les musulmans, après avoir dominé le Moyen-Orient, se sont retrouvés en contact avec les communautés juives. Par ailleurs, ils furent très nombreux, au XIVème siècle, à s'enrôler dans les multiples batailles italiennes de l'époque. Aussi, la possibilité qu'ils aient contribué à propager les cartes, en Europe, semble possible.

Certains auteurs ont cru voir l'origine, non plus des cartes mais du Tarot, dans les tribus nomades qui se sont installées en Europe à partir du XVème siècle. Issues, vraisemblablement, du nord de l'Inde, ces ethnies ont conservé les différents langages symboliques des cultures traversées. Cependant, elles n'en sont, en aucun cas, les initiatrices !

En Europe, l'emploi tardif du papier a eu une influence sur la diffusion des cartes. Ainsi, dans le dénombrement des mancies établie par le médecin suisse Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse, au XVème siècle, la cartomancie n'est pas mentionnée. Or, de nos jours, elle apparaît en tête de liste ! De surcroît, les illustrations du tarot laissent supposer que ce dernier n'est guère antérieur à la génération du docte.

Plusieurs prosateurs, à la suite d'un savant français, du XVIIIème siècle, nommé Antoine Court de Gebelin, ont certifié de la provenance égyptienne de notre « Bardo Thodol ». Si la fascination du moment, pour l’Égypte ancienne, explique cet enthousiasme, il ne saurait justifier qu’on lui attribue la genèse de tous les enseignements spirituels !

D'autre part, aucun dessin figuratif, de ce type, n'a été découvert en Amérique et en Océanie.

Le tarot le plus répandu demeure celui édité, en 1748, par les Établissements Grimaud et imprimé, pour la première fois, à Marseille, d’où son appellation courante : « Tarot de Marseille ». La coutume a, malencontreusement, maintenu cette dénomination faisant oublier ses véritables origines.

En conclusion, l'invention chinoise du papier et, subséquemment, celle des jeux de cartes, dans les divers pays asiatiques, ont été importées, en Europe, aux environs du XIVème siècle. Toutefois, ce n’est pas le Tarot lui-même, mais le concept des jeux de cartes qui a traversé les frontières. Le Tarot reste, profondément, ancré dans la culture occidentale médiévale et les symboles chrétiens qu’il véhicule, portant, en lui, un enseignement sacré, une dimension omnisciente et un dénominateur universel entre les civilisations et les traditions. Ainsi, le germe du Tarot plonge ses racines dans la conscience humaine et dans la permanence des archétypes universels.

Dany Ollivier – Autrice

Cet article est extrait d'une conférence exposée depuis 1995 © 1995 (Conférence), © 2004 (Site du Centre des Savoirs à la Connaissance)

Sources :
- ALLEMAGNE Henry-René d’ - Les Cartes à jouer du quatorzième au vingtième siècle, Paris : Hachette, 1906 (2 volumes).
- ALLIETTE Jean-Baptiste - Aperçu d’un rigoriste sur la cartomancie et sur son auteur, Paris : Caillet, 1787 (24 pages).
- RIJNBERK Gerard van - Le Tarot, Paris : Guy Trédaniel, 1981 (1 volume).


Téléphone : 09 54 04 33 53 - Courriel : danyolliviercsc@free.fr

La tarologie permet, à travers l’étude du Tarot Occidental, d’interpréter des constellations de symboles en corrélation et en convergence de sens. C’est une école de sagesse qui va bien au-delà d’une divination (taromancie).


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