Longtemps enveloppé de légendes orientales, le Tarot fascine par la richesse de ses symboles. Pourtant, loin de l’Égypte ou des temples antiques, son origine véritable est médiévale. Né dans l’Europe chrétienne du XIVe siècle, il puise dans l’imaginaire spirituel, de son temps, pour devenir un miroir de l’âme et un vecteur d’enseignements universels. Entre fiction initiatique et faits historiques, redécouvrons les racines réelles d’un jeu devenu langage sacré
![]() |
Tarot Occidental |
Représentation image : Tarot Occidental
Arrangement image : Dany Ollivier
Cliquez sur l'image pour l'agrandir !
Une légende singulière, transmise à l’écrivain néerlandais Gérard van Rijnberk (1875-1953), par Monsieur Tomberg, alors vice-consul d’Estonie à Amsterdam, fait remonter l’origine du Tarot à une époque voilée de mystère. Selon le dignitaire de la république parlementaire, la fable, lui serait parvenue de Russie, où elle faisait partie des enseignements préliminaires d’une société occulte influente, active avant la révolution bolchévique ; ce groupement affirmait qu’elle était connue des Chevaliers de Malte dans la Pologne de jadis. L’odyssée, ici rapporté fidèlement, prend la forme d’un mythe initiatique :
« Dans une époque très reculée, les sages hiérophantes, dépositaires de la tradition occulte de l’Égypte, s’étaient réunis pour discuter d’un grave problème. Par leurs facultés prophétiques, ils avaient acquis la certitude que, dans un temps prochain, la civilisation égyptienne serait détruite et, avec elle, les temples des dieux, les Sanctuaires du Culte public et secret ainsi que les Ecoles initiatiques où s’enseignait la Vérité métaphysique. Il s’agissait donc de rechercher le moyen de préserver de la destruction complète les points les plus importants de la doctrine occulte. Plusieurs procédés furent proposés par les membres du conseil des hiérophantes. « Peignons les textes des axiomes sur les murs les plus solides du temple le plus vénérable », disait l’un, mais on lui objectait que : « La rage des envahisseurs et la force destructive du temps n’épargneraient pas l’édifice. » « Gravons-les sur des plaques du métal le plus résistant », proposait un autre, mais lui répondait-on : « Si c’est un métal non précieux, il ne résistera pas à la rouille, et, s’il est précieux, il sera inévitablement sujet à la convoitise ». Un troisième hasarda : « Confions nos arcanes à un homme simple mais vertueux, qui en conservera le secret et le transmettra avant sa mort à une autre âme également simple et vertueuse, et ainsi de suite jusqu’au moment où la vérité pourra être de nouveau professée et comprise » ; mais on lui opposait que : « La vraie simplicité de l’âme est chose rare et que la vertu est très sujette à la tentation. » Alors, le plus jeune des adeptes parla ainsi : « Servons-nous des vices, des péchés, des mauvaises passions de l’Homme pour préserver le dépôt de nos doctrines secrètes : exprimons celles-ci symboliquement par des figures apparemment innocentes, qui, multipliées à l’infini, puissent servir à assouvir une des passions les plus vives de l’Homme : la passion pour le jeu. Confions aux énergies du Mal la préservation des germes de la Vérité qui contiennent la condition du Salut et du Bonheur du Monde. » Cette proposition fut acceptée…
Tel est le récit transmis. Il possède, il faut le reconnaître, une puissance évocatrice et une portée pédagogique remarquables. Toutefois, l’Histoire, rigoureuse et sourcée, vient tempérer cette brillante envolée.
Cet apologue ne mentionne pas le Tarot dont les origines, loin de remonter à l’Égypte antique, sont bien plus récentes.
C’est en Chine, au VIe siècle, que l’invention du papier permit la création des premières cartes à jouer. L’un des jeux les plus anciens, le « Mille fois mille », se composait de trente-deux morceaux censés représenter l’intégrité de la création. Le nombre de signes, sur chaque pièce, comportait la totalité des étoiles. La première division, de ce divertissement, était d'influence cosmique, la seconde d'inspiration humaine.
De là, ces divertissements migrèrent vers l’Occident, via les routes commerciales et culturelles, pour apparaître en Europe vers la fin du XIVe siècle. Toutefois, ce n’est pas le Tarot lui-même, mais le concept des jeux de cartes qui a traversé les frontières. Le Tarot reste, profondément, ancré dans la culture occidentale médiévale et les symboles chrétiens qu’il véhicule, portant, en lui, un enseignement sacré, une dimension omnisciente et un dénominateur universel entre les civilisations et les traditions. Ainsi, le Tarot plonge ses racines dans la conscience humaine.
Cependant, si son origine n’est pas égyptienne, il n’en demeure pas moins porteur d’un enseignement profond. À travers ses arcanes, le Tarot semble puiser dans l’inconscient collectif les formes éternelles que Carl Gustav Jung nommera, plus tard, les archétypes. Il établit un langage universel, transcendant les frontières et les époques, entre traditions spirituelles, interrogations transcendantes et quête de soi.
Ainsi, mythe et Histoire se rejoignent à leur manière : l’un évoque la Vérité à travers le symbole et la parabole ; l’autre éclaire les faits par la rigueur du savoir. Entre les deux, le Tarot continue d’exister, à la fois jeu, miroir de l’âme et réservoir d’une sagesse silencieuse.
Dany Ollivier - Autrice
Cet article est extrait d'une conférence exposée depuis 1995 © 1995 (Conférence), © 2004 (Site du Centre des Savoirs à la Connaissance)
Sources :
- ANDREAE Jean-Valentin - Les noces chymiques de Christian Rosencreutz, Paris : Editions Traditionnelles, 1994 (1 volume).
- ARISTOPHANE - Les nuées, Paris : Collection des Universités de France, 1934 (1 volume).
- RIJNBERK Gérard van - Le Tarot, Paris : Guy Trédaniel, 1981 (1 volume).
Téléphone : 09 54 04 33 53 - Courriel : danyolliviercsc@free.fr
La tarologie permet, à travers l’étude du Tarot Occidental, d’interpréter des constellations de symboles en corrélation et en convergence de sens. C’est une école de sagesse qui va bien au-delà d’une divination (taromancie).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire